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L’immense colonie de hérons agamis des Marais de Kaw-Roura, forte de plus de 2000 couples, héberge plus de 90% des effectifs reproducteurs mondiaux connus de cette espèce. Cette découverte fortuite de l’Institut de Recherche pour le Développement (IRD) a été rendue possible suite à l’installation par hélicoptère d’une plateforme flottante dans un secteur complètement isolé de la Réserve naturelle des Marais de Kaw-Roura. L’espèce, nocturne et discrète, sortant rarement du couvert forestier des cours d’eau, est très difficile à observer.
Le héron agami figure en 13ème position parmi les hérons du monde prioritaires à conserver, et en 2e pour le continent américain. À ce jour, rien n’est connu des zones d’alimentation de cet oiseau pendant la période de reproduction (il ne semble pas s’alimenter sur les Marais de Kaw), ou des zones fréquentées en période internuptiale. En Guyane, la localisation et la caractérisation de ces deux types de zones ainsi que la détermination de l’origine géographique et des itinéraires de passage des individus reproducteurs sont cruciales pour évaluer les menaces pesant sur l’espèce et construire une stratégie de conservation efficace à la fois dans le département et dans le monde.
Le héron agami est connu pour fréquenter les petites criques forestières. En Guyane, de nombreux cours d’eau sont exploités par des sociétés minières légales, travaillant autant dans le lit majeur que dans le lit mineur. Cet habitat est clairement l’un des plus menacé du département par le bouleversement profond qui est opéré sur le milieu. Les lacunes de connaissances sur les secteurs-clés utilisés par cette espèce empêchent d’évaluer les menaces et les conditions de sa conservation. Aucune étude détaillée n’a encore été entreprise sur le héron agami et quasiment rien n’est connu sur la biologie de la reproduction, l’écologie, l’alimentation, le comportement, les déplacements et les effectifs mondiaux de cette espèce.
Ce sont ces données que nous proposons d’acquérir grâce à l’équipement en balise satellite (Argos) de 8 hérons agamis. Le baguage des oiseaux a déjà été testé, mais abandonné en raison de la difficulté à capturer un nombre important d’oiseaux et la quasi-impossibilité d’obtenir des contrôles en dehors de la colonie. La projection sur ce site d’étude très difficile d’accès sera assurée en hélicoptère. La Réserve naturelle des Marais de Kaw-Roura, la Station Biologique de la Tour du Valat et l’Institut Méditerranéen de Biodiversité et d’Écologie marine et continentale - IMBE assurent un appui technique et scientifique.
En Septembre 2011 a eue lieu la première mission dans le cadre de ce programme, qui avait pour objectif la restauration de la plateforme flottante destinée au débarquement par hélicoptère. En effet, depuis le dépôt du matériel la plateforme avait subi les conditions climatiques extrêmes et se trouvait en mauvais état.
Grâce au soutien financier de la scierie du Larivot qui a fait don de l’ensemble des planches en ébène vert et à la participation d’un groupe de bénévoles motivés ainsi que d’un garde la réserve, la mission fut un succès. La plateforme possède même une surface plus grande qu’à l’origine !
En 2012 trois hérons ont été équipés avec des balises satellites. Eliot, Origami et Patapon, baptisés par un concours de prénoms organisé par l’IRD dans plusieurs établissements scolaire, se sont envolés sans soucis avec leurs "sacs à dos" fin Avril. Pour l’occasion, le GEPOG avait fait venir un représentant du bureau d’études Waardenburg (Pays Bas) spécialisé dans la fabrication de harnais pour les hérons.
En 2013, Agamina, Blue Sparrow, Excalibur, Kanapaich et Markaw, nommés par les écoles primaires de Kaw et de Roura ont pris à leur tour leur envol.
Une interface web permet de suivre le déplacement des hérons agami équipés de balises Argos. Les données recueillies et analysées seront la base du premier plan de conservation de l’espèce dont un résumé et un poster seront édités en anglais et en espagnol.
Une part importante a été attribuée aux scolaires au sein de ce projet. La première année à travers un concours de prénoms, la seconde année avec les écoles des deux communes directement liées aux marais de Kaw. Une animation à l’école de Kaw par une garde de la réserve a abouti à deux prénoms, une autre à Roura aux trois restants.
Un programme pédagogique sur une année scolaire complète a été monté avec trois autres classes de Roura qui ont travaillé autour de la thématique du héron agami tout au long de l’année 2013-2014 (pour plus d’infos voir ici)
Mots-clés : Guyane, Marais de Kaw, Héron agami